mercredi 12 septembre 2012
Une semaine de marche à la coquille
Chanceuse d'avoir encore quelques jours avant de reprendre (finalement!) le travail, j'ai décidé de partir marcher seule quelques jours sur l'un des chemins de St Jacques de Compostelle, reliant Le Puy en Velay à St Jean Pied de Port, en passant par Conques, Figeac et Cahors.
Partie avec l'assurance de ceux qui ont en vu des bien pires (et nos vacances sur le GR10 cet été), je suis revenue avec beaucoup plus de modestie - et un paquet d'ampoules.
Pour les non-initiés, une petite précision s'impose: le chemin de St Jacques fut emprunté pendant des années, et ceci depuis des temps immémoriaux (à défaut de plus de précision) par des pèlerins souhaitant donc naturellement "pèleriner" à travers France, passant par les lieux saints de notre cher pays, puis traversant les pyrénées afin de poursuivre ce sacré chemin sur les terres ibériques.
Une des questions qu'on peut vous poser sur ce chemin est donc:
"Es-tu randonneur ou pèlerin?".
Ceci avec des observations générales sur l'un ou l'autre genre: "les randonneurs, ils ne respectent rien, ils se plaignent tout le temps"...
Alors. Pèlerine ou randonneuse? Au niveau de mon équipement, je n'ai pas tout à fait fait dans la pénitence. Cultivant mon look pointu de trekkeuse, avec mes tee-shirts north face, ma poche à eau avec pipette, ma casquette Eider, mes bâtons de marche, je suis un peu loin des sandales portées à l'époque et des robes en toile de jute. Niveau liturgie, on a pu m'entendre chanter Coldplay à tue-tête dans certaines descentes, MP3 oblige... Ste Sophie m'entends-tu?
Cependant, partie avec l'idée de faire de la marche, je suis revenue avec beaucoup de questions, et beaucoup de rencontres. Et c'est sans doute ce qui caractérise ce chemin; un fabuleux melting pot de personnes rencontrées chaque soir dans les gîtes d'étapes, se contant leur journée, comparant leurs ampoules et parlant aussi un peu de leur vie. Deux jours plus tard, on a l'impression de se connaître depuis des mois, et interdiction de vouvoyer Jacques ou Gilles cela s'entend.
Peut-être est-ce que parce que nous dormons tous dans le même dortoir qu'une telle intimité se créé? (par ailleurs, quelques conciliabules stratégiques sympa pour identifier les gros ronfleurs et éviter d'être leur voisin de lit superposé)
Ou s'agit-il de la magie du chemin? Quoiqu'il en soit, il règne sur ce chemin et entre ses "usagers" une aura positive que ni les difficultés du chemin, ni les punaises de lit, ni les ronfleurs invétérés, ni même les 30km de chemin n'arrivent à modérer.
Et au bout de quelques jours, on a l'étrange sensation que plus rien n'existe que cette marche - que notre marche de 25km - et les autres qui la font avec nous - on est presque désorienté, en arrivant dans de grandes villes, de voir des gens qui n'ont rien à voir avec notre affaire.
Cependant, pas question de rester dans sa coquille - les passages qui suivent proviennent du carnet que j'ai amené avec moi et que j'ai religieusement écrit chaque soir...
Sur le chemin du départ
J'ai décidé de commencer mon chemin à Espalion. Pour me rendre là-bas, je dois, depuis Toulouse, prendre un train pour Rodez, puis de là, un bus local pour Espalion.
2h30 de train plus tard, arrivée à Rodez.
Rodez commençait pourtant plutôt bien, malgré l'absence de consigne où poser mon sac à dos de 12 kg. Et ça commençait bien puisqu'une femme me donne son titre de transport pour que je puisse me rendre gratuitement dans le centre, en bus.
Et le centre de Rodez, en bus, c'est déjà 15mn, donc bien contente de pas avoir suivi le panneau "centre ville" à pieds.
Ca commencait bien, mais c'était toute l'étendue de ce qui était bien à Rodez, pour plusieurs raisons:
- En dehors du centre historique, on pense vraiment s'être foiré et être revenu à St Ouen l'Aumône (banlieue parisienne pas belle)sans le faire exprès. Manège rescapé des années 70 sur une place de la ville où les enfants peuvent choisir entre le bus, la navette spatiale ou l'hélico
- Le chauffeur de bus est tellement dégouté de la vie, qu'on ne sait pas s'il a perdu sa femme, si elle l'a nourri au whiskas, ou s'il est juste anéanti par le seul fait de travailler à Rodez.
- Dans le bus et dans la ville, 3 catégories:
1. des ados qui font peur, qui sont à l'arrière du bus et sur lesquels on se bâtit une parano sur le fait qu'ils regardent notre blackberry d'une façon louche.
2.des mamans ados. 20 ans, bébé, leur bon vieux voile, poussette et tout le bordel.
3.des ados. Ils ne font pas peur, mais secrètement, on les déteste quand même.
Morosité totale pendant ce trajet en bus. Les mamans voiles/poussettes ont besoin de ma place pour garer leurs bébés, elles sont déjà dans un débat animé de bonjours rien qu'à la joie de se reconnaître. Pas de signe perceptible même pas dans un sourcil de remerciement quand je cède généreusement ma place. Suis maintenant au milieu du bus avec énorme sac à dos menaçant de tomber à chaque instant parce que non adossé.
St Ouen l'Aumône, me revoilà.
HLM tout autour, autant de gris autour qu'au dessus, le ciel se reflète dans cet accablement de béton.
- Vielle ville. Une chouette cathédrale, il est vrai, mais comme toute bonne personne organisée, je vais d'abord à l'office de tourisme pour avoir un plan de la ville ainsi que les horaires de bus retour pour la gare.
Je suis les panneaux "office de tourisme".
Me retrouve sur le boulevard, pas d'office de tourisme.
Je demande.
L'office de tourisme est dans la direction opposée, les panneaux sont pour les voitures, à cause du sens interdit de la rue qui les force à faire le tour.
Je trouverai l'OT près de la poste.
Je suis à La Poste.
Pas d'office de tourisme.
Mais débute alors une course fléchée dans la ville.
J'arrive finalement à l'office de tourisme, j'ai déjà tout vu et maintenant j'ai faim et suis passablement énervée.
La ligne C du bus qui me ramènera à la gare n'a pas d'horaires fixes, me dit l'office de tourisme, mais il passe toutes les 40 minutes.
Je n'ai plus qu'à attendre 40 minutes à l'arrêt de bus.
Bref, Rodez, c'est une ville où ne vivent que des ados et des gens qui ont perdu leur accent du sud. C'est la valencienne du sud.
Suis maintenant au café juste devant l'arrêt de bus!
Très curieux, ils ont des télés qui passent des clips de MCM, mais qui ne correspondent pas à la musique diffusée dans le bar. Résultat: j'entends Ben Harper, et je vois une nana qui danse très très (trop?) vite en trémoussant ses fesses parfaites, ceci sur un rythme très lent de Ben Harper.
L'arrêt de bus est "place des armes" et me voilà instantanément transportée en Amérique du Sud, pour toutes les "plaza de armas" qu'on a pu y voir.
2h30 de train plus tard, arrivée à Rodez.
Rodez commençait pourtant plutôt bien, malgré l'absence de consigne où poser mon sac à dos de 12 kg. Et ça commençait bien puisqu'une femme me donne son titre de transport pour que je puisse me rendre gratuitement dans le centre, en bus.
Et le centre de Rodez, en bus, c'est déjà 15mn, donc bien contente de pas avoir suivi le panneau "centre ville" à pieds.
Ca commencait bien, mais c'était toute l'étendue de ce qui était bien à Rodez, pour plusieurs raisons:
- En dehors du centre historique, on pense vraiment s'être foiré et être revenu à St Ouen l'Aumône (banlieue parisienne pas belle)sans le faire exprès. Manège rescapé des années 70 sur une place de la ville où les enfants peuvent choisir entre le bus, la navette spatiale ou l'hélico
- Le chauffeur de bus est tellement dégouté de la vie, qu'on ne sait pas s'il a perdu sa femme, si elle l'a nourri au whiskas, ou s'il est juste anéanti par le seul fait de travailler à Rodez.
- Dans le bus et dans la ville, 3 catégories:
1. des ados qui font peur, qui sont à l'arrière du bus et sur lesquels on se bâtit une parano sur le fait qu'ils regardent notre blackberry d'une façon louche.
2.des mamans ados. 20 ans, bébé, leur bon vieux voile, poussette et tout le bordel.
3.des ados. Ils ne font pas peur, mais secrètement, on les déteste quand même.
Morosité totale pendant ce trajet en bus. Les mamans voiles/poussettes ont besoin de ma place pour garer leurs bébés, elles sont déjà dans un débat animé de bonjours rien qu'à la joie de se reconnaître. Pas de signe perceptible même pas dans un sourcil de remerciement quand je cède généreusement ma place. Suis maintenant au milieu du bus avec énorme sac à dos menaçant de tomber à chaque instant parce que non adossé.
St Ouen l'Aumône, me revoilà.
HLM tout autour, autant de gris autour qu'au dessus, le ciel se reflète dans cet accablement de béton.
- Vielle ville. Une chouette cathédrale, il est vrai, mais comme toute bonne personne organisée, je vais d'abord à l'office de tourisme pour avoir un plan de la ville ainsi que les horaires de bus retour pour la gare.
Je suis les panneaux "office de tourisme".
Me retrouve sur le boulevard, pas d'office de tourisme.
Je demande.
L'office de tourisme est dans la direction opposée, les panneaux sont pour les voitures, à cause du sens interdit de la rue qui les force à faire le tour.
Je trouverai l'OT près de la poste.
Je suis à La Poste.
Pas d'office de tourisme.
Mais débute alors une course fléchée dans la ville.
J'arrive finalement à l'office de tourisme, j'ai déjà tout vu et maintenant j'ai faim et suis passablement énervée.
La ligne C du bus qui me ramènera à la gare n'a pas d'horaires fixes, me dit l'office de tourisme, mais il passe toutes les 40 minutes.
Je n'ai plus qu'à attendre 40 minutes à l'arrêt de bus.
Bref, Rodez, c'est une ville où ne vivent que des ados et des gens qui ont perdu leur accent du sud. C'est la valencienne du sud.
Suis maintenant au café juste devant l'arrêt de bus!
Très curieux, ils ont des télés qui passent des clips de MCM, mais qui ne correspondent pas à la musique diffusée dans le bar. Résultat: j'entends Ben Harper, et je vois une nana qui danse très très (trop?) vite en trémoussant ses fesses parfaites, ceci sur un rythme très lent de Ben Harper.
L'arrêt de bus est "place des armes" et me voilà instantanément transportée en Amérique du Sud, pour toutes les "plaza de armas" qu'on a pu y voir.
1ère étape: Espalion - Golinhac
Départ à 8h de la superbe Espalion après petit déj. avec les autres gens du gîte. Les gîtes d'étapes coûtent en moyenne 12 à 15 euros la nuit pour un lit dans un dortoir de 4 à 8 lits, presque toujours superposés(le maximum de lits a été atteint au gîte communal de Conques, avec un "hall" commun" de 45 places). Accès aux sanitaires à l'extérieur des chambres et coin cuisine pour se préparer des bonnes petites souplettes industrielles.
La veille, dans ma chambre, une femme et son amant de 63 ans me raconte comment elle a quitté son mari pour Bruno, qu'elle avait rencontré sur ce même chemin, 2 ans plus tôt.
Très bizarre à quel point elle se décide à me raconter toute sa vie, du boulot de sa fille, à la nouvelle copine de son mari.
Bruno se met en slip, elle en culotte, et hop, ils se baladent comme ça dans la chambre. Très curieux.
Bref, départ de la belle Espalion, tout va bien, naturellement puisque c'est le départ. Je vais vite + mes bâtons claudiquent en rythme sur le goudron. Du goudron, et du goudron. Très curieux ça aussi.
Arrivée devant une église et un grand bâtiment près de l'eau, bâtis en grès rose, et très beaux. Petite montée dans la forêt puis des crêtes et des crêtes et des paysages à la Thomas Hardy.
Aucun souvenir de l'arrivée à Estaing sinon que c'est un peu long, et trop bétonné.
Sandwich confectionné par mes soins car la boulangerie du coin ne vend que des quiches qui n'ont pas forcément l'air d'être bonnes, d'autant qu'elles sont froides. Depuis quelques temps, j'ai la malheureuse tendance à imaginer ce que les aliments deviendront en caca. La quiche ne me donne donc pas du tout envie.
Jambon fromage mangé sur un banc à côté du pont du château (légèrement phallique par ailleurs) et d'un gars qui avait mal à la jambe.
Ca fait 3 heures que je marche, 1h de pause à Estaing, et je repars pour les 3h45 qu'il me reste à faire.
Petit coup de découragement dans les 30 premières minutes. Je réalise que c'est dur de marcher seule. Je branche l'Ipod. Les 2h30 qui suivent passent beaucoup mieux en musique, et me motivent à marcher. Les écouteurs mis, j'ai l'impression de mettre ma tête sous l'eau avec masque et tuba.
Ca grimpe un peu, mais ça va bien. Rachmaninoff au top pour les montées.
2h après, la pause. L'endroit est misérable (rocher au milieu d'un terrain en travaux) mais l'arrêt est nécessaire. Je vois un panneau qui dit que ma destination est 5km plus loin.
Au top. 5km, c'est 1h de marche à peu près. Soit 45min de moins que ce qu'indique le guide. Délectation mégalo du fait que je sois une super marcheuse, qui marche plus vite que ce que dit le guide.
1h après. Pas arrivée, suis toujours dans c'te putain de forêt. Je m'échoue sur une pierre. Là, je commence à comprendre que c'est vraiment chaud. J'ai senti des sortes de petits courants électriques remonter le long de ma jambe gauche - j'ai comme l'impression que c'est mauvais signe.
Je rencontre 3 petites daronnes en groupe. Elles disent qu'il devrait nous rester 2 ou 3km.
Je rêve d'un vélo - ou d'un pick up - pour m'amener.
J'arrive enfin. J'ai marché 6h45, 27km - exactement le temps du guide. Le gîte est à 300m supplémentaires. Je pense que le purgatoire est pavé de ce genre de 300m là.
Arrivée au gîte qui fait aussi camping. Je pue, et je sens que je suis un peu collante.
Sur mon bras, les piqures antécédentes d'araignée que j'ai vraiment trop gratté. On dirait que j'ai un psoriasis, ou que je me suis écrasé des myrtilles sur le bras.
Suite à ca, la nana de l'accueil demande à pulvériser mon sac d'anti-puces. Je la comprend la roulure!
Douche, dortoir et perrier devant la piscine. Je redoute le sort de mes membres au réveil demain.
2ème étape: Golinhac-Conques
De cette étape de 21 km, mon guide dit qu'elle est facile. Elle ne devrait prendre que 5h15.
Départ avec un handicap. L'un de mes bâtons ne se fixe plus. Résultat, j'ai un bâton à ma taille, et un tout petit, type Agecanonix.
Très peu de souvenirs de l'étape sauf deux villages, celui d'Espeyrac et de Sénergue, et bien jolis.
Le reste, c'est juste le gros combat entre volonté d'arriver et grosses protestations des muscles et des pieds.
Pendant près de 2h, j'ai marché avec un caillou dans la chaussure droite. Impossible de l'enlever, il se loge pernicieusement toujours au même endroit.
Arrivée à Espeyrac. Mode assise sur les marches de l'église pour faire la peau à ce gravier qui m'ennuie depuis trop longtemps. Je sonde mes chaussures en profondeur, j'enlève la semelle, et... rien. C'est en enlevant ma chaussette que je découvre la source clandestine de mon tourment. Une ampoule. Bien grasse, bien tendue, moelleuse et pleine d'eau. Horrible.
Ma première épine. 5h de marche et toujours pas plus habituée à la douleur.
Puis l'arrivée à Conques. FA-BU-LEUX.
Impression d'avoir changé de pays/ou changé de vie. Gîte communal dans magnifique bâtiment.
Soirée dehors avec pèlerins rencontrés en chemin.
Explication du tympan de l'abbatiale par le père Jean Daniel, et sa fantastique gouaille.
Bière mémorable en terrasse avec un marcheur, en devisant taille de pierre, Sartre et les 12 travaux d'Hercule.
3ème étape: Conques-Livinhac
Départ anxieux, je ne sais pas si je vais réussir à boucler l'étape. Il s'agit de 26km, en 6h30.
Départ OK - ptite montée pas dégueue dans la forêt puis crêtes, très sympa. Un dernier coup oeil regrettant les atours de la fabuleuse Conques et ascension vers le reste.
Et puis, vient le goudron. Et encore le goudron
Et encore le goudron. Et encore le goudron.
Et encore le goudron.
Des kms de marche sur la route qui en fait...n'étaient que des centaines de mètres.
Grosse colère en chemin.
C'est complètement pourri le chemin de St Jacques de Compostelle.
En fait, les pèlerins de l'époque devaient y aller en Citröen Berlingo, ces enfoirés de péquins moyen-ageux.
Je réalise aussi que le chemin de St Jacques n'est PAS une randonnée comme une autre. La finalité de ce chemin est de se rendre à St Jacques de Compostelle, et notamment en passant par de jolis endroits, des chapelles ou églises, mais aussi, et c'est inévitable, par des endroits moins jolis.
Et du coup, il faut parfois (souvent), emprunter la route départementale pour ce faire.
Bref. Arrivée à Noaillac la merde après des siècles de domination goudronale et retour... au goudron.
Je décide de suivre un groupe de pèlerins qui me parlent insidieusement d'une déviation. Un raccourci qui permettrait d'éviter la descente puis la remontée par Decazeville, préfecture de l'Aveyron, en passant par les crêtes.
Moyenne d'âge des pélerins: 50 à 60 ans dont un avec un problème cardiaque. Mes débuts mégalos (voir 1ère étape) sont maintenant totalement anéantis par le fait que je me fais coiffer au poteau par les vieux.
Mes ampoules se sont multipliées dans la plus grande illégalité - favorisées par la marche sur goudron naturellement - et me brûlent à -cha-que- pas.
Je me démotive complètement. Je mange un balisto, je branche mes écouteurs. Et ça repart!! La musique a cet effet très surprenant de m'hypnotiser et de me motiver à marcher plus vite, plus fort.
Etape sans grand intérêt au final à part le fait que je la réussisse!!!
Très fière de ma gueule en arrivant.D'autant que j'apprends que plusieurs personnes ont pris un taxi pour finir l'étape.
Soirée très tranquille au gîte communal. Soupe thaie avec Gilles et Jacques. Tartelette framboise avec 4 copines parties ensembles, et tout de même très très très très tradi.
Déçue de n'avoir pas revu mon marcheur à la bière de Conques, Patrice.
Rencontre avec Pierre-Louis, 67 ans et extraordinaire de bagou et de pêche. Un peu fraudeur sur les bords, dit qu'il a fait sa pénitence sur cette étape, mais on apprend plus tard qu'il a pris un taxi pour arriver!
Traditionnel défilé en slip dans la chambre. Personne n'est plus ému que ça.
Je vais quand même me changer aux toilettes, faut pas déconner non plus!!
Départ OK - ptite montée pas dégueue dans la forêt puis crêtes, très sympa. Un dernier coup oeil regrettant les atours de la fabuleuse Conques et ascension vers le reste.
Et puis, vient le goudron. Et encore le goudron
Et encore le goudron. Et encore le goudron.
Et encore le goudron.
Des kms de marche sur la route qui en fait...n'étaient que des centaines de mètres.
Grosse colère en chemin.
C'est complètement pourri le chemin de St Jacques de Compostelle.
En fait, les pèlerins de l'époque devaient y aller en Citröen Berlingo, ces enfoirés de péquins moyen-ageux.
Je réalise aussi que le chemin de St Jacques n'est PAS une randonnée comme une autre. La finalité de ce chemin est de se rendre à St Jacques de Compostelle, et notamment en passant par de jolis endroits, des chapelles ou églises, mais aussi, et c'est inévitable, par des endroits moins jolis.
Et du coup, il faut parfois (souvent), emprunter la route départementale pour ce faire.
Bref. Arrivée à Noaillac la merde après des siècles de domination goudronale et retour... au goudron.
Je décide de suivre un groupe de pèlerins qui me parlent insidieusement d'une déviation. Un raccourci qui permettrait d'éviter la descente puis la remontée par Decazeville, préfecture de l'Aveyron, en passant par les crêtes.
Moyenne d'âge des pélerins: 50 à 60 ans dont un avec un problème cardiaque. Mes débuts mégalos (voir 1ère étape) sont maintenant totalement anéantis par le fait que je me fais coiffer au poteau par les vieux.
Mes ampoules se sont multipliées dans la plus grande illégalité - favorisées par la marche sur goudron naturellement - et me brûlent à -cha-que- pas.
Je me démotive complètement. Je mange un balisto, je branche mes écouteurs. Et ça repart!! La musique a cet effet très surprenant de m'hypnotiser et de me motiver à marcher plus vite, plus fort.
Etape sans grand intérêt au final à part le fait que je la réussisse!!!
Très fière de ma gueule en arrivant.D'autant que j'apprends que plusieurs personnes ont pris un taxi pour finir l'étape.
Soirée très tranquille au gîte communal. Soupe thaie avec Gilles et Jacques. Tartelette framboise avec 4 copines parties ensembles, et tout de même très très très très tradi.
Déçue de n'avoir pas revu mon marcheur à la bière de Conques, Patrice.
Rencontre avec Pierre-Louis, 67 ans et extraordinaire de bagou et de pêche. Un peu fraudeur sur les bords, dit qu'il a fait sa pénitence sur cette étape, mais on apprend plus tard qu'il a pris un taxi pour arriver!
Traditionnel défilé en slip dans la chambre. Personne n'est plus ému que ça.
Je vais quand même me changer aux toilettes, faut pas déconner non plus!!
4ème étape: Livinhac - Figeac
Réveil à 6h, Pierre-Louis dans ma chambre a la faculté étonnante de pouvoir parler immédiatement après avoir ouvert les yeux.
Etat des lieux des ampoules pas très concluant. L'une d'elle, que j'avais rouvert par mégarde en enlevant ma chaussette la veille, s'est infectée. Elle suinte encore, et a cette méchante couleur jaune.
Prise en main immédiate des opérations par Pierre-Louis et Françoise. Sortent la trousse à pharmacie, le propolis, compresses, et bandes autocollantes.
Et me confectionnent un bandage au top. Gros débat la veille sur: peut-on mettre des compeed sur une ampoule déjà ouverte? Pierre-Louis et Françoise engagés sur le non-au-compeed-quand-plaie-ouverte et son traitement alternatif.
Je pars à 7h15, grosse étape aujourd'hui de 26km... et gros coup de chance, je retrouve Patrice devant la boulangerie, et on décide de partir ensemble pour ce qui devait être un bout d'étape et qui s'est avéré être l'étape complète.
Partis à la fraîche et arrivée à 15h30. Les pieds commencent vraiment à avoir une sale gueule. J'ignore l'appel lancinant de mes ampoules,et Patrice aidant, passe l'étape à deviser de tout et n'importe quoi. On parle providence/médecine au pendule/histoires de guerres/balisto/rhum et cannabis/TGV à Carpentras...
Les pauses font du bien mais pas lorsqu'il faut repartir. Je boîte le temps de refaire mes ampoules à leur piétinement indispensable.
Je ne me rappelle pas trop de l'étape, mais tout de même de l'absence de goudron sur sa majorité, d'une superbe toute petite église et ses fresques (notamment la vache ailée!), et en général de jolis passages (cazelles - ces sortes de cabanes en pierres, on les appelle les orris dans les pyrénées).
Superbe Figeac - et arrivée de Stéphane en train, venu faire deux étapes avec moi.
Ptit italien sympa et bienvenu après 5 jours de soupe, et retour au très beau gîte d'étape rue Emile Zola.
5éme étape: Figeac - Gréalou
Départ de notre super gîte (même si bruyant) de Figeac à 7h20 et montée dans les arbres pour s'élever au dessus de Figeac.
Pieds qui hurlent de douleur. Mes ampoules me tuent. Mes pieds sont désormais quadrillés de fil et de compeed. Rien-n'y-fait.
Une petite heure avant que la douleur ne s'atténue.
La nana du gîte d'hier avec son chico manquant et sa tête de fêtarde nous a donné des idées. Elle bosse 7 mois plein feu et a ensuite 5 mois OFF.
Nous aussi on veut avoir 5 mois OFF par an.
Les projets de gîte s'étayent en marchant/ Stéphane, toujours précis, pense même à avoir une épicerie de dépannage...
Chimères ou pas décisif, la suite la dira.
Quoiqu'il en soit, je rentre toujours au boulot en Octobre!
L'une des plus belles voire la plus belle étape aujourd'hui. Passage par des sentiers dans les bois, jolie yourte en pierre aperçue.
Très chouette village de Faycelle, traversé en vitesse - et d'autres paysages de causse. Ne manque que l'eau.
Arrivée à l'éco-gîte où on doit manger et loger ce soir un peu calamiteuse.
Il est 13h30, et le gîte n'ouvre qu'à 15h30.
Attente pénible sous le soleil et la terrasse comme des bons à rien squatteurs. Bronzage de pieds tout de même
6ème et dernière étape/ Gréalou - Gaillac
Départ après une super nuit, pour super nuit, entendre nuit non interrrompue par des ronfleurs ou pêteurs, dans un lit non contaminé par des punaises ou araignées.
Bref. Donc une nuit de 8h dans un gîte au top après un dîner aux ptits oignons, offert par mon cher mari. Discussions avec les tenants des lieux qui ont habité en Espagne, au Costa Rica et au Chili!
Ca parle ampoules, magnétisme au pendule et bonne chair!
Royal.
Lendemain, les muscles encore endormis sont opérationnels, les ampoules semblent moins puantes, et la vie est belle.
Départ à 8h sur des jolis SEN-TIERS, superbes maisons en pierres, cazelles, dolmens, croix, super vue sur la vallée du Lot avant la descente sur Cajarc.
1h avant la fin de notre rando, à Gaillac, où Stéphane a garé sa voiture, avant de prendre le train pour Figeac.
Arrêt Boulange et étirements près de la fontaine de Cajarc, derniers numéros de téléphone pris, et promesses de se revoir, puis départ pour Gaillac.
Les 50mn vont vite une fois les ampoules "chaudes" et arrivée glorieuse et victorieuse à Gaillac.
Maintenant. Gaillac est une ville assez importante, jolie, et connue pour son vin. Elle est à côté d'Albi, et à 5àmn de Toulouse.
On connait bien Gaillac.
Donc quand on arrive et qu'on ne reconnaît rien, on se dit qu'ils sont forts à la FFR pour nous faire arriver par des coins superbes et inconnus des grandes villes qu'on connait.
Mais quand sur le panneau d'entrée de la ville, je vois:
GAILLAC
Commune de Cajarc
Je commence à imaginer un autre scénario.
...et si Gaillac, n'était qu'un subterfuge odieux? Une fraude? Une farce?
Un peu comme Montréal dans le Gers.
Stéphane sort son Iphone. Ouvre son appli "plan". Et dans un instant de suspense intenable inscrit:
Départ: Lieu Actuel
Arrivée: Gaillac
ok
La réponse arrive, implacable: "150km - 1h42"
Nous sommes à la fin de notre marche dans une ville (hameau?!) qui s'appelle Gaillac et qui n'est pas Gaillac. Une bâtarde. Notre voiture est à 150km de là.
Ce qui devait être un petit dimanche tranquille pour rentrer tran-qui-lle-ment à Toulouse se transforme en journée A-TTEN-TE. N'oublions pas que nous sommes en France un dimanche. 2h d'attente pour le bus qui nous ramènera à Figeac, 3h d'atente pour le train qui nous ramènera à Gaillac (la légitime) et 1h de voiture pour Toulouse.
Heureusement qu'il nous reste une pom'pote sinon la journée aurait vraiment été foutue!
Jolis paysages dans le train et chouette déjeuner nous réconcilie quand même avec notre journée. Sophie se fait même un peu dragouiller par une lesbienne.
St Jacques, on fera une petite prière pour toi!
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